Version 1945 – Orchestre Miguel CALÓ – Chant : Raúl Iriarte
Música : Osvaldo Pugliese
Letra : Enrique Cadícamo
Traduction : Denise Anne Clavilier / Barrio de tango
Igual que una sombra (1945) | Pareil qu’une ombre |
Hoy la vi después de un año, | Aujourd’hui, je l’ai revue après un an, |
hoy se cruzó por mi herida. | Aujourd’hui, elle est passée par ma blessure. |
Iba hermosa mi muñeca mimosa, | Elle marchait si belle, ma poupée câline, |
iba al lado de otro dueño, mi sueño; | Mon rêve marchait au bras d’un autre proprio* |
aquel sueño de mi vida. | Ce beau rêve de toute ma vie. |
Pero era igual su corazón | Mais son cœur n’avait pas changé |
que en mi amor siempre está, | Il bat toujours dans mon amour, |
y en mis noches sin estrellas | Et dans mes nuits sans étoile, |
ella es mi gran dolor. | Elle est mon grand malheur. |
Ella es una sombra | Elle est une ombre |
que nubla mi frente | Qui couvre mon front |
cuando, sin querer, la nombra. | Quand, sans le vouloir, il parle d’elle. |
Es mi pasado, es mi presente. | Elle est mon passé, elle est mon présent. |
Y yo no puedo borrarla de mi mente. | Et je ne peux l’effacer de mon esprit. |
Ella en mis cuartetas, | Elle dans mes quatrains, |
ella en mis angustias, | Elle dans mes angoisses, |
ella en mi dolor de poeta ; | Elle dans mon malheur de poète ; |
como raíces de tango grises, | Comme racines de tango sans couleur, |
ella está en mi corazón. | Elle est dans mon cœur. |
Otra vez llega el invierno, | Une fois encore, l’hiver arrive, |
y mi vivir sin amores. | Et mon vivre sans amour. |
Ya no suena su llamado esperado, | Son appel attendu ne se fait plus entendre, |
y no escucho sus ternuras, tan puras. | Je n’entends plus ses tendresses si pures. |
¡Qué vacío me he quedado! | Quel vide elle m’a laissé ! |
Pero es igual, corazón, | Mais c’est égal, mon coeur, |
en mi amor siempre está, | Dans mon amour, elle est toujours, |
de ella son mis versos tristes | Nourries d’elle sont mes tristes rimes |
(mis) tangos de dolor. | (mes) tangos malheureux. |
*dueño : désigne un propriétaire foncier, le patron d’une entreprise, le maître d’un animal.
Enrique Cadícamo siège au panthéon des plus grands poètes de tango, avec cette originalité d’avoir vécu, à 6 mois près, la totalité du xxème siècle ( 1900-1999 ). Il a écrit à peu près 1300 chansons, a beaucoup voyagé, mais c’est pour Paris et surtout pour Buenos Aires qu’il éprouvera un amour inconditionnel. Il a écrit 2 livres sur Paris : El debut de Gardel en París et La historia del tango en París.