Version 1949
Orchestre : Osvaldo Pugliese
Chant : Jorge Vidal
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Música : Benjamín Tagle Lara – Letra : Benjamín Tagle Lara
Traduction : Fabrice HATEM
Puente alsina (1926) | Puente Alsina* |
¿Dónde está mi barrio, mi cuna querida? | Où est donc mon quartier, mon berceau chéri ? |
¿Dónde la guarida, refugio de ayer? | Où es-tu mon repaire, refuge d’autrefois ? |
Borró el asfaltado,* de una manotada, | L’asphalte* a effacé, en un tour de main, |
la vieja barriada que me vio nacer… | Le vieux quartier qui me vit naître… |
En la sospechosa quietud del suburbio, | Dans la fausse quiétude du faubourg, |
la noche de un triste drama pasional | La nuit d’un triste drame passionnel |
y, huérfano entonces, yo, el hijo de todos, | Fit de moi un orphelin, alors fils de tous, |
rodé por el lodo de aquel arrabal. | Je rôdai dans la boue de cet arrabal. |
Puente Alsina, que ayer fuera mi regazo, | Puente Alsina, qui hier fut mon refuge, |
de un zarpazo la avenida te alcanzó… | L’avenue t’a rejoint d’un coup de griffe….. |
Viejo puente, solitario y confidente, | Vieux pont, solitaire et confident, |
sos la marca que, en la frente, | Tu es la marque, en plein front, |
el progreso le ha dejado | Que le progrès a laissé |
al suburbio rebelado* | Dans le faubourg rebelle* |
que a su paso sucumbió. | Qui succomba à son passage. |
Yo no he conocido caricias de madre… | Je n’ai pas connu les caresses d’une mère… |
Tuve un solo padre que fuera el rigor | Je n’ai eu qu’un seul père, qui fut le malheur |
y llevo en mis venas, de sangre matrera,* | Je porte dans mes veines, avec mon sang de fugitif,* |
gritando una gleba su crudo rencor. | Ce cri, comme une pelletée de rancœur. |
Porque me lo llevan, mi barrio, mi todo, | Comme ils me l’enlèvent, ce quartier qui m’est tout, |
yo, el hijo del lodo lo vengo a llorar… | Moi, le fils de la boue, je viens le pleurer…. |
Mi barrio es mi madre que ya no responde… | Mon quartier est ma mère qui ne répond plus. |
¡Que digan adónde lo han ido a enterrar! | Dites-moi où vous êtes allés l’enterrer ! |
* Enjambant le Riachuelo, Puente Alsina relie le quartier de Pompeya et la ville de Valentin Alsina, au sud de la capitale. Il est connu pour les bâtiments néo-coloniaux qui ornent les deux rives et figure sur le blason du quartier.
* A Buenos Aires, la avenida symbolisait le pouvoir fédéral ( création et tracé des avenues dépendaient de la Presidencia de la Nación ), les rues ( calles ) étaient, elles du ressort de la municipalité. De surcroît, dans les beaux quartiers, la voie publique était asphaltée et les trottoirs carrelés. La moindre pluie transformait la rue en fondrière….
* Allusion à divers soulèvements ouvriers, souvent sanglants, dont cette zone fut le cadre, comme la Semana Trágica en janvier 1919, qui fit un millier de morts en quelques semaines.
* Variante : certains chanteurs disent : de sangre maleva