Version 1943 – Orchestre : Lucio DEMARE – Chant : Raúl BERÓN
Compositeur : Carlos Viván
Paroles : Horacio Sanguinetti
Traduction : Denise Anne Clavilier / Barrio de tango
Moneda de cobre (1942) | Monnaie de cuivre* |
Tu padre era rubio, borracho y malevo, | Ton père était blond, ivrogne et voyou, |
tu madre era negra con labios malvón. | Ta mère était noire aux lèvres de mauve. |
Mulata naciste con ojos de cielo | Métisse tu es née avec des yeux d’azur |
y mota en el pelo de negro carbón. | Et des cheveux crêpus, couleur charbon. |
Creciste entre el lodo de un barrio muy pobre, | Tu as grandi dans la boue d’un quartier très pauvre, |
cumpliste veinte años en un cabaret. | Tu as eu tes vingt ans dans un cabaret. |
Y ahora te llaman moneda de cobre | Et maintenant, on t’appelle Monnaie de cuivre |
porque vieja y triste muy poco valés. | Parce que, vieille et triste, tu ne vaux pas grand-chose. |
Moneda de cobre, | Monnaie de cuivre, |
yo sé que ayer fuiste hermosa; | Moi je sais qu’hier tu as été belle, |
yo con tus alas de rosa | Avec des ailes de rose, moi, |
te vi volar mariposa | Je t’ai vue voler, papillon** |
y después te vi caer… | Et ensuite, je t’ai vue tomber…. |
Moneda de fango, | Monnaie de fange, |
¡Qué bien bailabas el tango!… | Comme tu dansais bien le tango ! |
Qué linda estabas entonces, | Ce que tu étais belle dans ce temps-là, |
como una reina de bronce, | Tu avais l’air d’un bronze de reine, |
allá en el « Folies Berger ». | Dans le temps, au Folies-Berger.*** |
Aquel barrio triste de barro y de latas | Ce vieux quartier triste, en bourbe et en tôle, |
igual que tu vida desapareció… | Comme ta vie, a disparu…. |
Pasaron veinte años, querida mulata, | Vingt ans ont passé, ma chère métisse, |
no existen tus padres, no existe el farol. | Tes parents ne sont plus, le bec de gaz non plus. |
Quizás en la esquina te quedes perdida | Peut-être au coin de la rue, tu te figes, perdue |
buscando la casa que te vio nacer; | En cherchant la maison qui t’a vu naitre. |
seguí, no te pares, no muestres la herida… | Avance, ne t’arrête pas, ne montre pas ta blessure… |
No llores mulata, total, ¡para qué! | Ne pleure pas, métisse, ça servirait à quoi ? |
*Cobre désigne ici la petite monnaie mais c’est aussi une description traditionnelle du teint métisse ( teint cuivré en français ) Un peu plus loin, le cuivre fait place au bronze ( teint bronzé )
**Double sens du mot « mariposa » : papillon, en espagnol commun, ou très jolie jeune femme en lunfardo.
***Célèbre cabaret de la première moitié du xxème siècle à Buenos Aires, nommé d’après l’établissement homonyme parisien.